lundi 5 septembre 2011

assister à la première de Johnny Hallyday au théâtre

Grand, svelte, la voix rauque: l’idole était en forme dimanche soir pour sa première répétition en public d'Un paradis sur terre de Tennessee Williams avant la grande première officielle de mardi. La grande première avec le «Tout-Paris», les paparazzis, les caméras de télévision et tout le tralala aura lieu mardi. Mais dimanche soir, c’était la «couturière», comme disent les gens du théâtre, une ultime répétition où Johnny Hallyday a joué pour la première fois la pièce Un paradis sur terre de Tennessee Williams devant un vrai public. Le rendez-vous était fixé à 21h00 mais dès 19h45, le propriétaire du théâtre et le metteur en scène de la pièce, Bernard Murat en costume sombre fait les cent pas devant les affiches.

À l’étage, des silhouettes blondes (Laeticia?) observent les fans du rocker qui papotent en contrebas. Veste rouge, T-shirt Penthouse noir, jean délavé, sacoche en bandoulière… Ces fidèles rockers sexagénaires trompent l’ennui en comparant leurs appareils photos tout en tendant le cou dans l’espoir d’apercevoir leur idole. «On a nos places pour mardi soir mais on vient pour voir qui est là ce soir, confient Jacques et Stéphane. C’est sûr, on préfère quand il chante mais c’est comme ça, on n’a pas le choix.»

À 20h00, les premiers flashs crépitent. Chemise blanche, la mine bronzée, c’est le célèbre restaurateur Christian Constant, suivi de près par une blonde platine accompagnée d’un éphèbe en queue de cheval: Véronique mais sans Davina (ou l’inverse).

À l’intérieur du théâtre, c’est la foule des grands jours. Prêt à découvrir le déluge qui va s’abattre sur les bayous du Tennessee, Georges Pernoud se cale sur un strapontin.

À l’orchestre, le silence se fait. Cheveux courts blonds cachés sous un canotier en paille, dos nu parfaitement bronzé, silhouette longiligne drapée dans une très jolie robe longue à frange beige: c’est Laeticia, l’épouse du chanteur, qui vient s’asseoir discrètement au troisième rang, légèrement sur le côté. Quelques sourires pour les amies assises à ses côtés puis elle se concentre et attend le lever de rideau la tête baissée. Elle s’occupe en tortillant les franges de sa robe.

À 21h00 pile, Bernard Murat s’installe avec trois collaborateurs derrière son bureau au milieu de la salle où l’attend un micro, une boîte de mouchoirs en papier bleu clair et une grande bouteille d’eau: «Bonsoir, on a beaucoup travaillé. C’est toujours très émouvant de créer une pièce importante de Tennessee Williams, et vous allez assister aux débuts d’un sacré acteur. C’est la toute dernière répétition et j’aime la faire avec le public. Je crois que c’est pas mal…»

Dans la salle, Laeticia attrape la main de sa voisine, la serre très fort, le noir se fait, elle en profite pour retirer son chapeau. Une musique pesante retentit et le rideau se lève. Le visage du rocker apparaît filmé en gros plan mais il faut attendre vingt minutes avant de le voir apparaître sur scène sur fond de bruits de criquets. Grand, svelte, la voix rauque: l’idole est en forme. Plus en retrait que dans ses concerts, il a laissé tombé le cuir pour un pantalon gris slim, un T-shirt à manches longues blanches et chemise de bûcheron. Il a aussi teint ses cheveux au roicolor noir jais, c’est moins seyant que son habituel blond cendré mais ce n’est pas gênant. On sent que la pièce a été adapté pour lui: il reste en scène un quart d’heure puis disparaît en coulisse plusieurs minutes et revient pour au choix : assassiner un chat, cuisiner des pommes de terre au bacon, culbuter une jolie jeune fille contre une table façon Jack Nicholson dans Le facteur sonne toujours deux fois… et ainsi de suite.

À l’exception de deux monologues, ses répliques sont courtes. La salle est très attentive. Les mauvaises langues, qui parlaient de béquille sous forme de prompteur ou d’oreillette, en seront pour leurs frais. Johnny n’aura pas non plus de trou de mémoire comme il le craignait. Mais à deux-trois reprises, il butte sur un mot. Du balcon troisième catégorie, il faut souvent tendre l’oreille pour comprendre la fin de ses phrases. Des petites imperfections de diction qui devraient disparaître au fil des représentations.

Au bout d’1h45 sans entracte, c’est fini. Le public est ravi et applaudit à tout rompre. Soulagée, Laetitcia remet son canotier et applaudit les bras levés. Johnny lui envoie un baiser et lui fait un petit signe en mettant sa main sur son cœur. Alors, elle se lève et entraîne toute la salle avec elle pour une longue standing ovation. Bernard Murat rejoint Johnny sur scène pour une longue accolade. On sent le chanteur ému. Il a réussi son pari mais c’est Audrey Dana qui nous a véritablement bluffés. Omniprésente sur scène, dotée d’un très long texte qu’elle joue tambour battant, c’est elle, la vraie révélation de cette pièce.

Aucun commentaire: